Concert Rockstore Berus Oth 1986
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La partie inférieure de la rue de Verdun est bloquée par une masse grouillante, et l’ami dévoué qui s’est chargé de l’achat des tickets a du subir un traitement habituellement réservé au poulpe récalcitrant. Peu importe, l’héroïque complice a obtenu deux trophées à quarante balles pièce, indispensable sésame pour le mano a mano underground de l’année : BÉRURIER NOIR versus OTH.
Alors que nous jouons des coudes et des phalanges pour pénétrer
dans l’ex-temple du disco devenu Rockstore, je me rends compte que beaucoup croupiront ici ce soir. Ça secoue déjà dans la file et les videurs nous ordonnent de brandir les billets au dessus de nos têtes afin d’accélérer le mouvement. Dans la rue les canettes se brisent et les injures fusent. Force est de constater que la salle n’a pas la capacité de contenir une telle affluence. Mais pas de reddition pour les rebelles, surtout pas à l’évidence et ça s’énerve ! Sentant la coupe passer au bord de leurs naseaux émoustillés, des kids poussent comme à Twickenham, dopés par l’attente et la bière bon marché. On me décrira quelques altercations, sceau du succès de l’entreprise. Pensez donc quarante francs ! Une paille, une aumône, pour l’événement rock’n roll le plus inattendu. Certains sont venus de très loin, mais reconnaissons aux Béruriers un pouvoir chamanique sur la masse altemative hexagonale, expliquant à seul ces flux migrateurs. Les OTH jouant à la maison actueront par conséquent en seconde partie.
Beaucoup de teenagers ne les connaissent que de réputation, considérant comme un bonus, un sympathique supplément aux standards béruréens profanés ce soir sur l’autel de la ferveur adolescente. Oui, le duo parisien est cultissime, révélateur d’émotions chez le pubère, qui par le biais de la kermesse carnavalesque se positionne en "bon sauvage" dans le monde merdique de l’adulte. Et sur scène, la formule (boite à ryth.me + gratte saturée) X goualantes d’apache en VF, fait craquer le jackpot. Faut dire qu’ils n’y vont pas de main morte les parigots. Ils attaquent par leur dernier single "L’empereur Tomato Ketchup" avec la raya au grand complet et pulvérisent ensuite des hits (parce qu’il faut bien appeler un chat, un chat) tels qu’ "Hélène et le sang" ou "Commando Pernod", repris à l’unisson par la la foule débraillée Le phénomène est à la hauteur de sa légende, et certains sceptiques se demandent quels miracles pourra éviter aux OTHiens la débâcle promise après une telle mise à sac.
Tassés au fond de l’"étuve, nous redoutons la suite, maudissant cet ordre de passage saugrenu. Un bon set serré en prime time et hop ! quelques points de plus dans l’escarcelle des cinq maigreurs et voilà, pas la peine de miser aussi gros en passant APRÈS les huns. Mais les charbons ardents n’ontplus l’intention d’adopter le profil bas et investissent les planches alors que l’ovation finale déstinée aux Béruriers fait encore vibrer la salle. Le pote si courageux dans la mêlée du guichet me souffle : "J’ai vu ce que je voulais voir j’écoute juste une paire de chansons, manière, et je me tire". Il restera.
Jusqu’au bout et nême aprés.

Basse et batterie vrombissent de concert, et les famélics twins Motch, et Domi produisent un boucan surpuissant, canalisé de main de maître par un Rémi Ponsar aux aguets sur ses curseurs, tel un crotale avant la morsure. La direction impeccable se fraye un passage au chalumeau dans ce labyrinthe de métal noir, et OTH réalise la prestation type, le mètre étalon scénique, le set Rock’n roll par excellence qui broie les étiquettes dont on a affublé la bête, sous le fallacieux pretexte de régénérer son sang. Hard, punk alterno, psycho, s’evaporent de nos cerveaux à casiers durant cette performance exterminatrice Les Bérus ont joué ce soir-là ? Au moins étaient-ils à l’affiche.
Sur l’estrade, "Réussite" et son cadet s’enlacent incestueusement sous le regard médusé des gosses ayant déjà fait don de leur sueur, mais prês à se saigner pour que continue l’orgie païenne. "’Été 86", un inédit, est offert au fans maniaques qui traquent toute nouveauté dans le répertoire de ce groupe si prolifique. La rue de Verdun justifie son appellation, et en rappel, alors qu’un florilége de rocks punkards suffirait à asseoir le triomphe, tonne le Rif millésimé de "Back door mon" de Willie Dixon. Mais quelle idée ! Gratifier ainsi un parterre alterno qui ignore jusqu’aux Doors ! Ce n’est plus jouer gros, mais déclencher la machine à perdre ! Le riff se creuse, se love dans les caissons de la sono, puis rampe et louvoie sur les gapettes Gavroche, les houpettes et les aiguilles de porc-épics, jusqu’à nouer progressivement les gorges et écraser les pommes d’Adam, lorsque Spi se met à feuler : "Les gens savent pas, mais les petites filles comprennent bien !"
Et ce n’est plus du rock’n roll mais de la sorcellerie.’En d’autres temps, on eût brûlé des personnages ayant pareil comportement. Hypnotisée la foule ne bouge plus, subodorant la blessure fatale. Allez, envoyez-nous le venin dans les veines et qu’on en finisse ! Mais les OTHiens ont abandonné la scène, épargnant cette nouvelle génération de vampires qui propagera la damnation. Je confesse avoir été à deux doigts d’embrasser mes voisins après un tel show.
Les deux combos remontent ensemble pour un ultime salut, soit ’nous sommes les rebelles", avec un public déchaîné prenant possession de la scène, tandis que la sono est brutalement coupée et que la salle se rallume.
What a night ! C’est, et je pèse mes mots à la Roberval, la dernière fois qu’OTH me surprendra. Ayant acquis le pouvoir de FAIRE ÇA CHAQUE SOIR, le gang ne s’en privera pas, quitte à devenir une mécanique tueuse un tantinet prévisible. Mais ceci est l’heureuse conséquence de la victoire, qu’il nous faut célebrer avant que l’année exténuée n’expire, car n’oublions pas, petits rockers montpelliérains, que nous avons grillé presque 365 nuits...


Forum : il y a 1 contribution(s) au forum.

> Concert Rockstore Berus Oth 1986
(1/1), par Damien
> Concert Rockstore Berus Oth 1986 par Damien, le : 21 avril 2005
Ah ! J’y étais...quel souvenirs

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