"Ça va speeder les mecs !" .
La scène est encore dans l’obscurité et effectivement ça va vite, très vite et très fort. Les lights surpris démarrent une paire de secondes en retard. On est en 79 et OTH back on stage, assure la première partie de l’excellent Little Bob à la Salle des rencontres. Cette fois ils ont le son et rien ne leur résistera. La rumeur a couru que les havrais auraient décrété que Montpellier n’avait pas de public rock. Spirou, tendu et hérissé comm chat sauvage jette de l’huile sur le feu,"vous allez leur faire voir aux gens de Little Bob ce qu’est le public de Montpellier !" Les premiers rangs s’agitent et Alain Picon, déjà coupe au bol mi-longue et lunettes groovies, crache en sautant au dessus des retours. Le set, sur le fil du rasoir est une véritable déflagration. Le groupe a atteint une maturité étonnante depuis l’année précédente et enfile des perles brutes de sauvagerie :
. "Rock dans la peau", "Du sang, du sexe" (avec son intro dramatique), "Pervers", "Les maudits", "Chienne de vie", "En route pour l’enfer"
Le répertoire tient réellement la route et l’on se surprend à désirer un album pour posséder ces titres et les jouer à satiété.
Eh quoi ! La France détient désormais des formations punks inventives, des combos de rock’n roll urgents et talentueux, mais le metal demeure encroûté dans des conceptions vieillottes où l’énergie fait cruellement défaut. L’hexagone mérite son gang de killers mais certainement pas un quarteron chevelus frisottés repompant les épiques chevauchées de Deep |
Purple avec des références vaseuses à la sorcellerie. La force noire et urbaine, déterré les Stooges et le MC5, épisodiquement évoquée par le BOC et Aerosmith, resurgit à travers cinq psychotiques blafards. Combien de temps les maisons de disques pourront-elles l’ignorer ?
"Pauvres créatures naïves, inoillensives et farouches... "
Sur "Enfants des cités", Spirou hurle "Nous sommes des milliers à être seuls". Si la bande de CasteInau avait seulement pu le comprendre... Le concert expire, convertissant les derniers sceptiques, pour laisser place à un Little Bob impérieux qui leur dédicacera sa remarquable prestation.
Dorénavant le havrais les honorera dans tous ses shows méridionaux et les deux noms associés symboliseront l’authenticité d’un rock sans fard. On parlera d’un boeuf mythique aux Follies, certains jurant même y avoir assisté.
Les potins ne manqueront pas : OTH au Gibus, OTH à l’Olympia, OTH enregistrera le 33 cet été, du vrai, du faux, mais des ragots chargés d’espérance. Je me pointerai chez Sirènes en septembre pour demander si le LP est sorti, essuyant les ricanements de deux/trois conards. Quant à leur performance au Gibus, Rock’n Folk l’expédiera en une demi ligne.
On n’est pas près de voir le bout du tunnel et les charbons ardents apprennent la patience. .
"J’ai vu un mec du show bizness
Qui m’a montré ses dents en or
Je lui ai dit mon mec, regarde les miennes
Elles sont pourries mais elles savent mordre" |