[OTH le groupe] > Single Animal fatal 1987

LE CHANT DES TÉNORS PART 2
Après avoir bourlingué à travers l’hexagone, la caravane OTHienne fait halte rue de la Loge, pour enregistrer deux titres chez l’immuable Rémi Ponsar. Ce single nous présente un groupe euphorique et risque-tout, conscient de son potentiel et bien décidé à l’exploiter.
Preuve en est "Animal fatal", adaptation du classique pop intemporel de Donovan. Le choix paraît évidemment saugrenu et périlleux. Les collègues alternos revisitent plutôt le glitter gras-du-bide, voire la variétoche Franchouillarde pour les passer à tabac à grands coups de distorsion C’est idiot, ça fait du bien et ne met pas en péril la légende. Mais s’attaquer à une sucrerie aussi stylée et nuancée que "Mellow yellow" est une autre paire de manches. Et quand ces derniers sont habilement malmenés par
messieurs Motch et Villebrun, on peut verser une larme sur la bluette écorchée vive par des riffs barbelés. Justement non.
Le groupe respecte la chanson jusqu’à restituer ses diverses asperités, et ne commet point la prévisible erreur d’accélérer le tempo. Disons qu’il l’emmène faire un tour dans les hangars métalliques des ZUP, dans les squares à Valstar et les squatts d’anti-stars. De ce voyage de noces tumultueux, la nubile revient épanouie,

avec une lueur maléfique dans les prunelles. En face B, Spi narre avec humour son cursus scolaire aussi bref qu’un set d’Alan Vega, et en profite pour honorer cancres et glandeurs de tous poils. C’est "L’école de la rue", composition impeccable avec variantes et refrains accrocheurs, parachevée par une bérézina guitaristique en "escalier", où les deux bad lieutenants squelettiques ne font pas de prisonniers.
Ce titre surpuissant sera d’ailleurs sélectionné pour la compilation de François Hadji-Lazaro "Mon grand fière est un rocker". Ancien instit roublard, le rubicond leader des Garçons Bouchers, de Pigalle et des Carayos, réunit le gratin de la scène rock/rebelle française pour un florilège de chansons destiné aux enfants. Bien entendu l’oeuvre sortira peu avant Noël et nos fab-five y côtoieront Métal Urbain, les Dogs, la Mano Negra, Gilles Tandy et toute la raya alternative.
Patti Smith prétendait dans les seventies que "vivre, c’était attendre le prochain album des Stones". À Montpellier, si la philosophie est identique, les héros diffèrent...