Concert Sentier de la Fontaine 1985
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HÉROS DU PEUPLE
De grâce, que l’on cesse de définir OTH comme un groupe Montpelliérain ! Ils en sont natifs et y résident, point barre. Leur aura et leur classe innée les placent indubitablement dans le peloton de tête des killers hexagonaux. Qui peut prétendre le contraire après leur prestation aux Sentiers de la Fontaine, qui malgré des conditions climatiques sibériennes, a provoqué des discussions interminables sur le parking ? Le gang toume "décemment" dans des arrières salles de bouges crapoteux, des hangars associatif improbables, hauts lieux de la résistance, dans lesquels il acquiert une réputation digne du chevalier Bayard. Et la route, ça patine, burine, tanne, jusqu’à rafermir ou annihiler les convictions. Ceux qui survivent au régime de la gomme brûlée sont dépositaires d’un secret qu’aucun band semi-sédentaire peut effleurer. Cet acquis permet de surmonter des balances catastrophiques, d’empoigner les velléitaires du comptoir par les testicules, bref, donne le pouvoir enviable de faire passer son truc dans n’importe quelles conditions. Les cinq faméliques, façonnés par huit ans de lutte comme la roche par les intempéries, sont détenteurs de ce savoir empirique qui fait défaut à la plupart de leurs confrères.
Pour leur réapparition au Clapas, ils ont délivré un set exempt de scories, un gig type prouvant aux sceptiques que leur mécanique destructive est en parfait état de fonctionnement. Démarré "a capella" sur un air de gaudriole contant les exactions des Rapetou dans le monde merveilleux de Disney, le sabbat gagnera en intensité jusqu’au "Vaisseau fantôme", opus lourd et martial, cross over réussi entre chant de marin et hymne barbare.
Entretemps, tous les titres auront martelé le plexus solaire, apportant chacun leur part de tension : "Harley Davidson" où l’on voit Spi trousser la Bardot sur le biplace de cuir avec la bénédiction de Gainsbarre, "sacrée revanche" (et comment), où les références pyromaniaques brûlent littéralement les planches, "des fraises et du sang", inconcevable punker semant le frisson dans l’assistance par son final à l’unisson "Le sida, le sida" comme inévitable conclusion de l’aventure. Rien ne semble suffisamment ancré pour leur résister. Surtout pas les autres combos de la ville qui regardent leurs pompes.
Anéanti le vieux rêve de détrôner les briscards, de les ranger dans le coffre obsolète des seventies attardées, râpé les mecs, les OTH sont aussi loin des vicissitudes du milieu que proches de leur public. Ils sont l’unique groupe pal pable de cette vieille France qui n’en finit pas de dormir.
À l’issue de la bataille, je hasarde une vantardise concernant ma Déconnection future, mais quelqu’un me coupe net : "Je te le souhaite, vrai ment, mais (balayant la scène d’un geste vague) après ÇA !".
Justement, après ça, quoi ? Devra-t-on attendre leur passage annuel en se morfondant pour finalement lire dans une interview la sentence létale :
"Montpellier ? On en est enfin SORTIS !". Avec un tel véhicule de tête, les wagons ont intérêt à s’accrocher, et oublier les petites rancoeurs compétitives qui ont certes dynamisé le phénomène naguère, mais dorénavant le sclérosent.

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