Journal l’Equerre
1986
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Article dans presse locale
A l’epoque de l’obtention de la premiere salle rock à Montpellier

Aller au Parc. à lvry. en pleine vague de froid. en janvier, alors que la France couverte de neige se blotissait frileusement devant ses télés était une expérience.
Ce Parc qui n’a de parc que le nom, est la salle de la région parisienne la plus géniale depuis la disparition du mythique Palikao. à Ménilmontant. C’est là que se produisent dans des conditions d’authenticité indiscutables des groupes comme les Ludwigvon 88, O.T. H., ou Babylon Fighters et c’est là que nous les avons applaudis. Ils sont passés. plus tard à Paris, au Rex Club.mais ce n’était pas pareil. L’austérité spartiate de cette salle se conjuge avec l’enthousiasme de ceux qui sont assez motivés pour y aller. Ses dimensions réduites en font un repaire underground qui peut laisser un frisson ambigu à celui qui s’y risque pour la première foi, et l’allure terrifiante de Chris, le colosse qui surveille l’entrée impressionne l’impétrant timide. C’est le repaire de la dernière faune : les punks s’y retrouvent, plus d’autres aux looks moins caractérisés.

Voilà dix ans qu’O.T.H. tourne. Originaires de Montpellier, tous plus oumoins voisins de palier dans les même H.L.M de la périphérie, amis d’enfance, ils prolongent avec leur groupe ces amitié qu’on prétend être si fragi !es. L’éclat que Spi. chanteur et leader d’O.T.H recevait d’lggy Pop à quatorze ans quand il rentrait de l’école et qu’il se collait le casque sur la tête en écoutant funhouse pour compenser les frustrations de la journée se retrouve à présent torride et glacial dans sa musique, ses paroles et son jeu de scène.

Dieu sait que le rock est un mot qui peut être mis à toutes les sauces mais Jean.Michel Poisson / Spi ne fer jamais passer la variété pour le rock. N’ayant pas dévié depuis dix ans, lui, qui n’admet pour influence que La Souris Déglinguée et qui prend ses exemples chez les Kinks ou les Doors sans parler d’lggy Pop ou Led Zeppelin et en vrac Edith Piaf, Ramones. Aerosmith ou Dictators pourra imposer O.T.H une fois que le public aura pénétré, derriere la musique, la frustration naïve et la poésie noire des paroles. "Au début, nous n’étions que de la haine" dit-il "nous ne tenions pas en place de haine. d’où notre nom On Tenter Hooks : sur des charbons ardents", Spi poursuit :
"Nous montons au nord pour apporter le soleil’’, nous avons eu dix ans d’une vie merveilleuse en affrontant le monde. Mais il y a très peu d’êtres humains, il n’y a que des robots. il est dérisoire de parler de galères ou d’argent quand on a décidé de combattre le monde et son inhumanité.
D’où les indiens, les chiens et l’instinct (thémes frequents d’O.T.H). L’instant est l’instinct. Mon bonheur est d’être vivant et mon bonheur c’est les rencontres. Il faut vivre au jour le jour sous peine de désillusion. Le pacte d’O.T.H. est d’aller au bout du monde, au bout de soi même, rallier ceux qui sont condamnés à la mort de la vie quotidienne. Nous sommes comme des corsaires qui brûlent leurs vaisseaux.
Il n’y a plus d’aventure dans le monde, la civilisation a mis sa M. partout, c’est le rock la seule aventure et c’est le seul pouvoir d’abolition de l’esclavage." Alors vous avez lu ça. Maintenant, regardez la photo, voyez cet allumé adolescent qu’est Spi, qui pourtant approche de la trentaine, et constatez qu’avec une philosophie. et des modèles tels qu’il en donne, O.T. H. ne peut être qu’un merveilleux groupe.
Et pour donner quelques détails : il’s chantent en français avec une diction incomparable, les mots orduriers qu’ils utilisent sont une pure poésie, leur message se lit à tous les niveaux ce qui est la marque de leur sincérité, leur musique transpire l’énergie et l’ensemble amène les transports d’adrénaline que provoquent seuls ceux qui ne mentent pas.
On peut dire aussi qu’ils sont comme The Clash qui n’aurait ,pas signé sur une grande compagnie et ne se serait pas coupé.de ses racines. O.T.H., par son attitude à la fois intransigeante et généreuse évite les pièges du show-biz et de la mode grâce à l’autoproduction et au repli loin de la capitale. Pour l’instant, il n’y a que deux albums... en dix ans, mais une infinitè de concerts.

Ph. D.


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