1981
On ne veut pas leur donner de salle. Les groupes de rock de Montpellier piquent leur colère.
CRAC boum ! Samedi vers 17 h, les ménagères qui terminaient leurs emplettes près des halles castellanes n’en n’ont pas cru leur filet à provisions :
là, à la place de leur marché quotidien il y avait Folmotch, Phil, Domi, Spy et Didier, en un mot le groupe de rock O.T.H. entouré de son soigneur Mathieu et de 500 personnes. lmaginez "Elle est belle ma laitue !" sur un solo d"harmonica déchaîné.. :
Par ce concert O.T. H. entendait protester contre le refus de la marie de pré ter le kiosque Bosc une quinzaine de jours auparavant. Comme s’il n’en avait pas vu d’autree le pauvre kiosque, avec l’accordéon club et les majorettes de la Paillade.
Non décidément le rock semble garder une sale image de marque aux yeux de nos édiles. Et pourtant comme le précise Domi d’ O.T.H : "Nous, on est pas baston. Ce sont les pichous qui sont bastons". En d’autres termes. il y a moins de bagarres dans les concerts rock que dans les bals. Affirmatif.
On reproche aussi au groupe de rock de faire trop de bruit. Didier, le batteur qui joue plus vite que son ombre, à la réponse cinglante. "Et la muique de la quinzaine commerciale que les gens sont obligés de supporter, elle est pas trop forte ? », Deux points à zero pour le rock, Mais le concert de samedi était aussi un appel :
l’heure est grave il n’ y a pas de salle à Montpellier où les émules locaux des Rolling Stones puissent s’exprimer. Le Pavillon populaire que la mairie loue facilement ? Pas la peine : il a une acoustique aussi profonde que celle d’un carton à chaussures.
La salle fréderic Mistral ?Elle est surnommée "la baignoire" parce que le .
son y roule comme sur de la faïence. Le. Grand Odéon ? Trop cher pour les groupes de la région :
4.000f pour une soirée Le groupe "Keust"y a pris dernièrement un bouillon mémorable, Le palais des sports ? Trop grand. "Et le régent" Une lueur de fol espoir s’allume dans les yeux de Folmotch, guitariste d’O,T.H. Cet ancien cinèma situé près de la gare et dans lequel avait été organisés plusieurs
concerts reste en effet inespoitété depuis des années. Trop tard il a été vendu et un permis de construire été délivré pour y implanter... des bureaux : de quoi faire rouziguer ses cordes au plus impitoyable des guitaristes solo.
Il faut pourtant trouver une solution. Les afficionados de l’opéra ont en leur temps fait pression sur la mairie et bien du côté des damnés du rock on va s’organiser : le groupe "Eject" va lui assui très bientôt donner un concert sauvage et après celui là, il y en aura d’autres. "Ca va agir". dit-on à OTH et Phil le bassiste de préciser : "à la mairie, faut qu’ils prennet conscience du truc rock chez les jeunes". Alors les conseillés, branchez vous pendant qu’il en est encore temps.
Henri Marc Rossignol
